Complainte d'un long voyage

Complainte d’un long voyage

C’est dans le secret et le danger
Que nous nous sommes jadis rencontrés
Autrefois si près et enflammés
Nous voilà aujourd’hui bien éloignés.

J’aurais voulu t’emporter avec moi,
Cela m’aurait apporté joie
Que de savoir que tu es à mes côtés
Dans ce monde qui m’est étranger.

Il est bien triste d’abord
Que par la mort
Nous ayons été séparés
Nous qui nous sommes aimés.

Les dieux m’ont choisi un destin différent
Et c’est torture qu’ils commettent en t’enlevant
À moi, j’erre sur ce monde perdu
Attendant ma déesse disparue.

Pourtant l’espoir décline dangereusement
Comme une bougie qui brûle lentement,
Je t’ai attendu trop longtemps,
Les dieux sont trop lents.

Je viendrai te rejoindre, ma belle,
Je reviendrai sur mes pas en selle,
Pour retrouver ton visage céleste
Dont la beauté mon cœur leste.

Pourquoi, pourquoi tardent-ils tant?
Promesses parties au vent,
Qui mentent et oublient
Dans le monde de la vilénie.

Tu m’as été arrachée,
À moi on t’a enlevé,
J’arpenterai champs et vallées
Afin de te retrouver.

Ma belle, je t’ai offert mon cœur,
Bien que l’on m’ait privé de bonheur,
Tu es une partie de moi
Et je te retrouverai à la fin du mois.

Lorsque l’hiver tombera,
Et que le rideau de neige se lèvera
Je serai sur la montagne,
Pour prouver que toujours l’amour gagne.

Je te retrouverai ma belle déesse des eaux,
Ce puisqu’il le faut,
C’est la mort qui me guette,
Si loin de toi je reste.

Me voilà, arpentant ce chemin,
Celui que je connais si bien,
Je marche vers mon passé,
Vers ces rêves et souvenirs oubliés.

Voilà le détail qui échappa aux dieux,
Le sentiment auquel ne comprennent rien les rois des cieux,
L’amour que je te porte,
Est bien trop grand pour que la mort l’emporte.

Je vois au loin la Ville Blanche,
Sous cette vision mes genoux flanchent,
Cette cité où je t’ai laissé,
Où tu m’as été enlevée.

Je m’approche plus près encore,
Le ciel gronde d’un tourment fort,
Les dieux me désapprouvent
Je me jetterai dans la douve.

Seulement je veux te voir,
Une dernière fois, mon seul espoir,
De vivre encore assez,
Pour trouver ma liberté.

Allume un feu dans la cheminée,
Je reviens cette fois de chevauchée,
Dans l’unique espoir de te revoir,
Ou même seulement de t’apercevoir.

Je marche dans la cité,
Je suis si près de te retrouver,
Devant notre chaumière je me tiens,
Je pousse la porte, je ne crains rien.

La pièce est comme il y a longtemps,
Lorsque nous étions réunis, bien avant,
La table au centre de l’abri,
Dans le foyer, aucun feu ne sévit.

Où es-tu partie ma belle,
Laissant derrière toi le gel
Dans mon cœur désormais de pierre,
Qui ne battra plus que pour hier.

Ce lieu tu as déserté,
Sans message laissé,
Je parcourrai les terres,
Pour te retrouver, ma chère.

Tu t’es sauvée avec mon cœur,
J’irai quérir mon bonheur,
Jusque dans les palais de glace,
Le temps devra me faire place.

Je t’aime mon amour,
Je t’aimerai toujours,
Suis la lumière divine,
Ma belle Elewin.